vendredi 19 avril 2013

ETAPE 20 - SUR LES PAS DE MOULAY ISMAEL

Meknès, ville impériale.
La Versailles du Maroc.

Meknassa es Zeitoun au 9ème siècle n'était qu'une petite bourgade appartenant à la tribu berbère des Meknassa. Située sur les terres fertiles qui bordaient l'ouest Boufekrane, l'olivier, les figuiers et les légumes y étaient cultivés.
En 1145, Abdel Moumen, le grand sultan almohade veut s'emparer de la ville. Mais la cité résiste. Il y met le siège et lorsqu'affamée, elle finit par se rendre, furieux de la résistance de ses habitants, le sultan la fait détruire pierre par pierre. Mais dans sa grande bonté, il reconstruit la ville, selon un plan quadrillé caractéristique de l'architecture urbaine almohade. Mais l'austérité et la rigueur almohade ne plaît pas aux meknassis qui désertent la ville. Et le sultan devra procéder à maints aménagements et concessions pour que ses habitants la réintègrent !
En 1672, le sultan Moulay Ismaël commence son règne. Moulay Ismaël se méfie de l'esprit frondeur des Fassis. Il ne veut pas que Fès abrite sa capitale. Il choisit Meknès. Mais la petite cité tranquille n'est pas à la hauteur de son ambition. Il lancent une véritable armée de terrassiers, de maçons, d'ouvriers recrutés dans toutes les tribus alentour pour construire une ville digne de sa grandeur. 60 000 prisonniers, esclaves noirs, condamnés de droits commun s'y ajoutent ainsi que plus de 20 000 prisonniers chrétiens.
Moulay Ismaël visite les chantiers, et ne dédaigne pas de prendre la pioche ou la truelle pour faire avancer les choses ! Et s'il constate qu'un ouvrier ne travaille pas assez vite, il l'expédie aussitôt vers Allah !*Des portes monumentales, des bastions, des murailles, des greniers, des casbahs, des arsenaux, des terrains d'entraînements, des écuries, un fabuleux palais, des bassins, des jardins jaillissent de terre. Lorsque Moulay Ismaël mourra, après un règne de 55 ans, le plus long règne de l'époque puisque Louis XIV n'a régné que ... 54 ans (mais la Régence ne compte pas), Meknès n'a rien a envié à la splendeur de Versailles.

Mais les successeurs du sultan bâtisseur ont délaissé Meknès pour Fès ou Marrakech, et Meknès s'est endormie dans une douce torpeur provinciale qui aujourd'hui fait son charme.


Lorsque nous redescendons de Volubilis, nous sommes assoiffés et la faim commence à se faire sentir. Une fois de plus, nous trouvons nos bouteilles d'eau restées dans la voiture complètement chaude.
Meknès, la ville aux 100 minarets, s'offre à nous repliée derrière ses murailles.

En face de la place Hedime, la Bab el Mansour étale sa grandeur et sa splendeur.


Nous la contemplons depuis le snack el Wazani Zakia, place Hedime, tout en buvant des litres de sidi Ali et en grignotant nos brochettes accompagnées de frites et d'une salade marocaine.


Un détail de la porte

Avant de pénétrer dans la médina, nous nous offrons un petit tour des extérieurs de Meknès en calèche.
Une calèche n'ayant que 4 places, c'est avec deux calèches que nous partons. Il est certes encore tôt dans l'après-midi, certes le soleil cogne fort, mais nous sommes les seuls touristes en calèche...


Papa, Cyprille, Guyonne, Ysoie


Maman avec Eléanor et les deux garçons.
Maman est montée avec les "grands" pour jouer les guides !
Eléanor, son Travel Book en main n'en perd pas une miette et répond au questionnaire à mesure que les monuments défilent !



La calèche de Papa et des filles


Les étals d'oranges. On s'arrêterait bien déguster quelques oranges pressées, et au passage, on a une pensée pour Grand-Père, grand amateur de navelles devant l'Eternel !!



Nous longeons les murailles. Il n'y a pas grand monde dans les rues, ni touristes, ni locaux. Certes il fait chaud, mais surtout, c'est vendredi ... jour de prière



Le réservoir de l'Agdal
Bassin de 4 hectares construit par Moulay Ismaël  le réservoir avait pour but d'irriguer les jardins où les quelques 500 femmes de son harem se divertissaient.
En temps de guerre ou de sécheresse, le bassin servait de réserve d'eau pour la ville.
25 kms de canaux le desservent.





Les remparts de nouveaux, derrière lesquels se cache le Palais Royal


Nos calèches s'engagent  dans l'assaragh, long couloir à ciel ouvert, large de 15 m, entre les deux remparts parallèles. Le vent s'engouffre dans ce couloir et souffle avec force, ce qui était sensé décourager les armées ennemies de s'y engager...



Nous franchissons la Bab er Rih, la porte du vent.


Un beau buisson de lentanas


L'une des nombreuses portes donnant accès au Palais Royal


 Nos calèches nous déposent place Lalla Aouda. Nous traversersons la place Hedime, franchissont la ba Jamaa en Nouar et pénétrons dans la medina. Nous tombons tout de suite sur Dar Jama, aujourd'hui transformé en musée régional d'ethnographie.



Les photos ne sont pas autorisées dans dar Jamai, et c'est bien dommage . . . Il faudra se contenter de quelques photos prises dans le patio intérieur. . .
Edifié en 1229 de l'Hégie (1882 de notre comput), dar Jamai est la résidence du grand vizir du sultan Moulay Hassan Ier, Mohamed ben Larbi Jamai.


Des herbes folles semblent pousser dans le patio. Ne pas s'y fier, c'est un beau jardin à l'andalouse !

Pour en revenir à notre vizir, voilà que sitôt achevé son palais meknassi, il tombe malade et délaisse la ville, qu'il estime néfaste à sa santé, pour s'installer à Fès où il fait construire un nouveau palais : le Palais Jamai. (aujourd'hui un hôtel de luxe).
Quand le sultan moulay Hassan Ier meurt en 1894, son fils moulay Abdel Aziz lui succède. Son conseiller, Ahmed ben Moussa, jaloux de l'influence et du pouvoir du vizir Jamai l'écarte en se nommant grand vizir à sa place.

Mais le vindicte d'Ahmed Ben Moussa ne s'arrête pas au vizir Jamai. Il fait arrêter son frère Hadj Maâti, qui vivait à Dar Jamai depuis l'installation du vizir Jamai à Fès, l'emprisonne à Tétouan jusqu'à sa mort. Il confisque les biens de la famille Jamai pour les redistribuer ou les revendre. C'est ainsi qu'El Glaoui, le pacha de Marrakaech fera l'acquisition de Dar Jamai où il ne mit jamais le bout de sa babouche.


Après la visite de Dar Jamai, nous arpentons la medina. Nous admirons les portes, et rêvons à ce qu'elles cachent. Dès que l'un d'entre elle est ouverte, nous glissons un oeil indiscret.


Les ruelles de la medina





Juste au coin de la medersa Bou Inania, une fontaine attire la Company qui aimerait bien y remplir sa bouteille. Un fatma nous assure que l'eau est potable, ce dont nous ne doutons pas, mais nous la redoutons un peu pour nos pauvres intestins. Nous acheterons un bouteille de Sidi Ali après notre visite de la medersa.


Ici la medina est couverte. Hélas, en ce vendredi après-midi, les boutiques sont fermées, et la medina peut fréquentée. . .


Les plafonds viennent d'être refaits. Ils sont de toute beauté.

Nous nous acquittons de notre droit d'entrée et pénétrons dans la medersa accompagné par l'odeur sucrée de la fleur d'oranger. Le portier en a répandu partout dans l'entrée. C'est sublime !


Petite leçon d'art mauresque pour la Company. Les stucs, les mouquarnas (stalactiques en stucs disposées en encorbellement au-dessus de la fausse fenêtre), coufiques, zelliges, moucharabieh ...


La medersa Bou Inania doit son nom au sultan mérinide Abou Inan sous le règne duquel elle fut achevée en 1358. Une medersa à Fès porte le même nom . . . due au même sultan !






Des écritures coufiques et  des zelliges 


La fontaine trône au milieu du patio. Elle sert aux ablutions rituelles avant d'entrer dans la salle de prière qui se trouve à main droite;


Nous montons à l'étage pour visiter les petites chambres des étudiants.
Elles ne sont pas très grandes, et les fenêtres, protégées par des moucharabiehs, donnent sur le patio intérieur et la fontaine


La medersa fonctionna jusqu'en 1964. Pendant plusieurs siècles, ses murs accueillirent les étudiants étrangers à la ville venus recevoir le savoir dispensé par les imams de la Grande Mosquée voisine. 


Ce que l'on voit à travers les moucharabiehs de la fenêtre



Puis nous grimpons sur la toit. Nous pouvons admirer le minaret de la Grande Mosquée, que l'on ne voit pas d'en bas.



La visite de la medina est rapide puisqu'il n'y a pas grand chose à voir. Nous trouvons une petite échoppe ouverte qui vend des petites brioches et des pains au chocolat. Pour 1 dh pièce (10 centimes d'euro), Maman cède à la gourmandise de la Company !



Nous suivons le dédale des ruelles quand nous laissons le passage à deux jeunes portant de grandes plaques métalliques couvertes de gâteaux. Maman explique à la Company que les jeunes filles reviennent du four à pain où elles ont fait cuire leurs gâteaux pour le dîner du vendredi.
Les jeunes filles pénètrent dans une maison mais ressortent très vite en nous proposant, en français, de prendre chacun un  gâteau pour goûter ! La company s'est régalée, s'est répandue en remerciements sincères et les jeunes filles étaient toutes heureuses !


Nous retraversons la place Hedime. Les grandes avenues sont pavoisées non pas parce que le roi est dans la ville, mais parce que vient de se tenir le SIAM : le Salon International de l'Agriculture au Maroc.


Avant de remonter en voiture pour repartir à Casa, nous faisons une pause goûter. Nous achetons dans une petite épicerie une grande bouteille de Coca, une grande bouteille d'Orangina et une grande bouteille de Sprite. Et un kilo de fraises qui embaument toute la rue. Plus les petits pains au chocolat achetés en medina, la company se régale ! Elle en parlera longtemps après ... !!


Une fois qui épatera la Company, c'est de découvrir que les oranges ne poussaient pas directement dans les rayons de Grand Frais !! Figurez-vous que les oranges poussent dans des arbres ! Quel miracle ! La photo est prise depuis la voiture et moins 5, on ratait l'oranger en fruits !