Nous quittons Tiffoultoute le coeur gros.
Maman du temps qui s'est enfui, et les enfants de n'avoir pas retrouvé les souvenirs de Maman. Qui sait, peut-être espéraient-ils voir en bas, dans la palmeraie, un tronc de palmier en travers d'une seguia et une jeune fille dansant dessus ?
Nous longeons le Draâ. Les palmeraies succèdent aux palmeraies!
Puis nous bifurquons.
Le Travel Book nous indiquait une piste.
Mais amère déception ! c'est sur une route goudronnée sur laquelle nous nous engageons. Et comble de l'horreur, nous longeons un immense terrain viabilisé, routes faites, éclairage installé, compteurs électriques prêts à l'emploi ! Ne manquent plus que les maisons . . .
Le Maroc d'antan disparaît peu à peu . . . qu'allons-nous découvrir à Fint ? Une palmeraie embitumée ?
Puis le goudron cède à la piste.
Et la Company découvre les joies des nids de poule et autres cratères (n'ayons pas peur des mots) !
Et se demande si finalement, la route goudronnée, c'est pas mieux !
Mais l'aventure se révèle.
La Company se réjouit.
La civilisation a disparu.
Tout n'est plus que cailloux, et encore cailloux. Où va nous mener cette piste chaotique ?
Dans ce reg infini, la Company s'imagine non plus tressauter dans tous les sens dans son confortable Hyundai, mais rouler et tanguer paisiblement sur le dos d'un dromadaire . . .
Elle guette l'oasis au détour de chaque virage, derrière chaque chaos rocheux. Mais l'oasis se cache . . .
Existe-t-elle vraiment ?
La tête plus souvent collée au plafond que les fesses sur les coussins, nous avançons doucement.
Nul panneau pour nous indiquer la bonne direction, mais là, nous n'en sommes pas surpris et nous n'en attendons pas !
La piste vers l'avant
la piste en arrière
Et voilà que tout à coup, incongru au milieu des cailloux, un panneau !
Notre stupeur est telle que nous ne pouvons que l'immortaliser !
Le nom berbère de cette oasis est "l'oasis cachée". Ce nom n'est pas usurpé !
Avant d'amorcer la descente vers la vallée, et l'oasis, Antheaume se fascine pour ses rochers aux curieuses couleurs noires.
Un Mohamed nous tombe dessus à l'orée de la palmeraie.
Il nous demande où nous allons. "Ah oui, la Terrasse des Délices, c'est mon frère !"
Toujours se méfier de "c'est mon frère" !
Donc méfiants, nous nous garons à l'endroit qu'il nous indique et nous enfonçons à sa suite dans la palmeraie.
Un nouveau panneau (décidément !) nous indique que, même si le chemin qu'il nous fait suivre ne semble pas être le plus court, nous sommes néanmoins dans la bonne direction.
Nous longeons tout d'abord l'oued Draâ.
Le soleil cogne.
Antheaume a entendu coasser des grenouilles. Le voilà en chasse. Mais n'est-ce pas plutôt le prétexte à mettre les pieds dans l'oued ? Sans doute les deux !
Très content de lui, il a maintenant les pieds rafraichis et une jolie grenouille verte qui palpite au creux de sa main !
Maman retrouve ses lauriers-roses. En a-t-elle rebattu les oreilles de la Company des lauriers-roses poussant dans le lit des oueds !
Petite pause ombragée.
Ouf !
Notre guide nous explique plein de choses bien intéressantes, mais franchement, un p'tit coup à boire bien frais ne serait pas de refus !!
Notre "guide" nous explique qu'ici précisément s'est jouée une scène d'Astérix et Cléopâtre.
Et que si on regarde bien cette montagne, on voit une bouche et deux yeux. Certains l'ont vu . . . d'autres cherchent encore !
Nous reprenons notre avancée le long de l'oued et des lauriers.
Le soleil cogne.
La chaleur qui monte du sol brûle les pieds de ceux qui sont en tongues.
Les garçons regrettent d'avoir laissé leur chèche dans la voiture.
Entre deux photos, Maman badigeonne tout le monde de crème solaire.
Enfin nous franchissons l'oued. Les femmes qui faisaient la lessive se sont envolées dans les bosquets de lauriers et de tamaris alentour à notre approche.
Nous avons l'impression de pénétrer un univers interdit . . . peut-être est-ce le cas ?
De l'autre côté de l'oued, nous trouvons les cultures et OUF ! l'ombre fraîche des figuiers.
Un peu assommé par la chaleur, la Company n'a guère envie d'escalader ce tronc de palmiers. A moins qu'elle ne redoute de rencontrer l'un de ces si fameux petits serpents au venin redoutable ?
Tous ont dit avoir bien senti que Bonne-Maman veillait sur eux les empêcher de tenter une petite escalade de palmier . . . !!
Petite pause pour une leçon de tressage de feuille de palmiers
Et voilà le résultat ! Un dromadaire pour la petite gazelle aux yeux bleus !
Au passage, notre "guide" en profite pour bien tapoter la tête d'Ysoie en répétant Bismillah !
. . . Des fois que ça porterait chance ? Des yeux pareils, ça ne peut que porter chance !
Mais au final, sans doute que pas trop ! Car, quand il réclamera 5 dh à Maman, il en sera pour ses frais, Maman n'ayant que 3 dh dans son porte-monnaie !!
Que c'est beau une fleur de grenadier !
Une seguia . . .
. . . des figuiers de Barbarie . . .
. . . quelques maisons qui ne sont pas du tout inoccupées comme leur aspect désolé le laisserait supposer . .
. . . une fleur de palmier . . .
. . . et enfin la Terrasse des Délices ?
Vu d'ici . . .
Dans un dernier élan de courage, nous gravissons les nombreuses marches qui nous mènent à la fameuse Terrasse . . .
Et là . . . magie et féerie !
Première terrasse
mais intenable tellement il fait chaud
Deuxième Terrasse, elle n'a pas usurpé son nom, un Délice !
Une terrasse couverte, fraîche et aérée, où nous pouvons nous désaltérer à satiété et même casser un verre dans notre impatience à boire, n'est-ce pas Ysoie ?!!
Le plafond intrigue la Company, et Bohémond fait la photo.
La Terrasse nous subjugue, mais la vue qu'elle nous révèle également !
Au delà des palmiers, un marabout . . .
. . . un petit village en adobe et pisé, qui n'est ni une casbah ni un ksar !
Puis les choses sérieuses commencent !
La table est dressée d'une belle poterie de Tamegroute.
Maman est contente de pouvoir la montrer à la Company, puisque la veille, nous n'avions préféré les délices de la piscine de l'hôtel Zaghro aux potiers de Tamegroute !
La salade marocaine (poivrons grillés, olives noires, tomates, oignons rouges doux et sucrés) est plus que sublime !
Le pain berbère, juste sorti du four
Le tagine d'agneau, aux légumes de la palmeraie.
Nos papilles se souviendront longtemps du goût exquis des carottes et des courgettes.
Le repas achevé, nous nous laissons aller un moment sur les sofas, le regard perdu au loin.
Un air frais nous plonge dans une douce torpeur.
Eléanor sort son Travel Book, et nous enchaînons quizz, devinettes et autres questionnaires sur les casbahs et les Palmeraies
La recherche des toilettes nous fait découvrir un adorable patio, croulant de fleurs et de verdure où s'égrennent les notes claires d'une fontaine. Elle est en plein soleil et nous regagnons bien vite la fraîcheur de notre délicieuse Terrasse !
Même les meilleures choses ont une fin.
De nouvelles aventures nous attendent . . .
. . . Et nous quittons à regret la Terrasse des Délices.
Même sans guide, nous retrouvons facilement le chemin.
Il fait aussi chaud qu'à l'aller. Plus ? Non, pas possible !
Nous retraversons l'oued, et cette fois, la lessive est achevée.
Le linge sèche sur les rocailles alentour.
Petite photo dans les lauriers, Maman y tient !
Nous nous apercevons que nous étions garés en face de l'école de Fint.
Et nous nous apercevons d'une chose étrange, qui n'existait pas "du temps de Maman" :
le panneau est rédigé en arabe, en français et . . . en amazigh (berbère du Haut-Atlas)
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